Kolkhoze
Livre
Edité par POL Editeur. Paris - 2025
Cette nuit-là, rassemblés tous les trois autour de notre mère, nous avons pour la dernière fois fait kolkhoze.
- Classification
- Littérature ; Littérature française
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Sovkhoze
Avec « Yoga », on aurait pu penser qu’Emmanuel Carrère bouclait la boucle de son grand cycle littéraire introspectif et de spéléologie du réel, commencé avec « L’adversaire » et, reconnaissons-le, n’ayant que peu d’égal dans la littérature contemporaine. La parution, depuis, de « V13 », regroupant les articles qu’il a écrits pour le « Nouvel obs » sur le procès des attentats de novembre 2015, allait dans ce sens. Et patatras, voilà que la célèbre académicienne et historienne populaire spécialiste de la Russie, néanmoins maman de l’auteur – j’ai nommé Hélène Carrère d’Encausse – nous a quittés, comme on dit, à l’été 2023. Il n’en fallait pas plus pour que « Manu » reprenne sa lance, son âne et son Sancho Panza pour repartir à l’assaut des moulins de sa vie. Et il faut le dire : Hélène Carrère d’Encausse a un arbre généalogique pour le moins singulier – dans lequel on retrouve, entre autres, l’ex-présidente géorgienne, une flopée de Russes Blancs et un grand-père collabo dont il a déjà été question dans le magistral « Un roman russe ». Comme souvent avec cet auteur extraordinaire, nous en avons pour notre argent (même si la Numothèque est gratuite) tant il a l’art de dénicher l’étrangeté, la beauté et même l’angoisse dans les choses les plus familières. Carrère est un conteur incomparable : honnête et curieux. Cependant, à la lecture agréable, parfois passionnante, et quelquefois ennuyeuse (ce qui, je crois, ne m’était jamais arrivé chez Carrère, même dans « Le Royaume », c’est dire), une impression assez fâcheuse de n’avoir sous les yeux qu’un index géant (550 pages tout de même) de son œuvre m’a peu à peu gagné. Tic révélateur : on retrouve dans ces pages la locution « rappelez-vous » 18 fois. Bon, me direz-vous, ça ne fait qu’une fois toutes les 30 pages. J’ai toujours associé Emmanuel Carrère à Père Castor (« rappelez-vous » - hu hu –, dans l’adaptation ciné de « l’Adversaire », Jean-Claude Romand assassine ses enfants alors qu’ils regardent « Père Castor » à la télévision). Et à chaque fois que j’ouvrais un nouveau livre d’Emmanuel Carrère, je me répétais dans ma tête la petite ritournelle : « Père Castor, raconte-moi une histoire ». Mais là j’ai trouvé qu’il radotait un peu, Père Castor.
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 18 septembre 2025 à 09:57