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Les livres recommandés par vos bibliothécaires - 55

Femme tenant une liseuse
Image par Perfecto_Capucine de Pixabay

Christophe partage son avis sur un livre qui nous plonge aux côtés des sans-abris. Myriam nous recommande trois romans : une new romance, un court roman dans lequel un assassin s'en prend à des femmes engagées et un autre qui fait le portait de nos nuits. Frédéric a aimé deux livres : le récit du match du siècle entre Bobby Fischer et Boris Spassky et celui des perturbations du corps adolescent.

 

Dans la ville / Élodie Fiabane

Dans la villePar Christophe, bibliothèque de Varces

Un lieu à soi    

La vraie réussite de ce livre ne réside pas tant dans la description, pourtant passionnante, des conditions de vie ahurissantes, bien qu’étonnamment variées, des SDF, mais bien dans son analyse sous-jacente – et sans équivoque – de l’ignominie d’un système qui conduit une partie de sa population à vivre dehors.
Et c’est bien en cela qu’il est un roman social.

Lucide et franc, et souvent avec humour, Dans la ville, premier roman d’Élodie Fiabane, a pour lui un petit quelque chose d’indispensable. Ce que tous les livres n’ont pas – loin de là. On est bien d’accord.

Nos cœurs meurtris (Purple hearts) / Tess Wakefield

Nos cœurs meurtris (Purple hearts)Par Myriam, bibliothèque de Grenoble

Amour à l’eau…de violette

Point de riche golden boy ou de jeune femme réservée et prude dans cette new romance dont l’adaptation cinématographique a été un grand succès. Néanmoins, quelques incontournables de la new romance sont bien présents : une rencontre improbable entre deux personnalités que tout semble opposer, une animosité doublée d’une attirance irrépressible… Le roman joue sur la rédemption (le bad boy se refait une conduite) et l’acceptation de soi (la jeune femme trouve sa voie/voix). Pour une fois, l’amour, se construit pas à pas, sur la confiance, le soutien. Ne boudons pas notre plaisir, un peu d’amour à l’eau de violette, ça fait toujours du bien.

L’assassin du dimanche / Leslie Kaplan    

L'assassin du dimanchePar Myriam, bibliothèque de Grenoble

Des femmes pas des victimes
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre et le résumé, pas d’enquête ou de traque haletante dans ce court roman. L’intrigue est un prétexte à des portraits de femmes toutes différentes, avec leurs blessures, leurs combats et leurs rêves, dans une société en perte de sens et de repères. L’assassin attaquant des femmes, plutôt engagées, les questions se posent également sur ses motivations… Le roman interroge les représentations de la femme, les réactions parfois violentes qu’elles provoquent. Dans une société en perdition, affolée par le meurtrier qui rôde, le collectif est une force ; collectif qui fait front, donne la force ou l’opportunité à chacune de s’affirmer et de faire son chemin…et de déjouer le "Friday killer". Un roman, vraiment ?

A quoi songent ceux que le sommeil fuit ? / Gaëlle Josse

A quoi songent ceux que le sommeil fuit ?Par Myriam, bibliothèque de Grenoble    

"Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin" (P. Eluard)

Dans de courts chapitres, Gaëlle Josse peint en quelques lignes des tableaux saisissants, donnant de l’épaisseur au personnage de chacune des scènes en seulement quelques mots. La nuit est volontiers le domaine de la solitude. Regards tournés vers la rue ou le jardin, âmes tournées en eux-mêmes, chacun, homme ou femme, jeune ou moins jeune, est en proie aux regrets, aux doutes, à la mélancolie, à l’espoir… L’auteur réussit à nous emporter dans une variété de situations et de sentiments, de l’obscurité naissante aux premières lueurs du jour. De courts vers ou haïkus entrecoupent chaque tableau, comme une respiration, une suspension avant chacun "nuit". Chacun ne peut que se retrouver ces nuits.

 

Le coup du fou / Alessandro Barbagla  

Le coup du fou Par Frédéric, bibliothèque de Grenoble  

Boris et Bobby

Ce livre relate un championnat du monde d'échecs mythique et les parties sont comme des rounds de boxe. Qui gagnera à la fin ? Ce livre dresse le portrait de deux joueurs géniaux aussi différents que la glace et le feu, la raison et la pulsion, l'est et l'ouest dans le contexte tendu de la Guerre froide. Ce livre fait ressurgir du passé le père disparu de l'auteur et plus loin encore les figures mythologiques d'Achille et d'Ulysse. Ce livre entrelace tous ces fils et tisse un motif jubilatoire, brillant et très émouvant.
Le coup du fou, c'est d'accepter la folie de l'autre quitte à (se) perdre (soi-même).

Sous la menace / Vincent Almendros    

Sous la menacePar Frédéric, bibliothèque de Grenoble

Monstre et compagnie

Sous la menace pourrait être le titre de chacun des livres de Vincent Almendros, de petits livres qu'il distille patiemment, des breuvages fins et délicats et vénéneux. Sous la surface pourrait également faire l'affaire tant ce qui est tu, caché, étouffé ne se laisse que deviner ou alors se dévoile comme ça, au détour d'une phrase modeste qui n'a pas plus d'ampleur que les autres et ouvre des abîmes. Car c'est tout l'art de l'auteur : employer des mots simples qu'il assemble en phrases courtes et créer une tension permanente, sous-jacente dans un récit millimétré.