Le Passage
Livre
Edité par Actes Sud. Arles cedex - 2025
Juin 1941. L’Est de la Pologne. Des nuits éclairées par la lune et les eaux profondes de la rivière qui divise le monde en deux. Sur une rive stationnent les Allemands, sur l’autre les Russes. Au milieu, un petit village frontalier où un passeur fait traverser fuyards, juifs et partisans. Tout le monde attend. Les villageois se débrouillent pour survivre. La forêt abrite de jeunes maquisards inexpérimentés qui se prennent pour de vrais soldats. Un petit garçon voit et entend tout : le grondement des avions, la terre qui tremble sous les bombes, les pillages.
Dans "Le Passage", Andrzej Stasiuk reconstitue l’histoire que son père n’a pas pu lui raconter. Il nous livre sa version : celle d’une guerre qui ne fabrique pas de héros, mais sème terreur et chaos.
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Et au milieu coule la Pologne
Pologne 1941. Une rivière coupe un village en deux : à l’ouest la Wehrmacht ; à l’est les troupes russes. Ce n’est pas encore officiel mais Barbarossa est dans les starting-blocks. Lubko est passeur : grâce à sa connaissance de la rivière et surtout grâce à sa barque, il aide celles et ceux qui fuient les nazis. Max et Doris, deux jeunes Juifs, ont sollicité ses services. Mais c’est sans compter sur la petite troupe de maquisards aussi brutaux qu’attachants, qui ne sait plus bien dans quel camp elle joue depuis la défaite de l’armée polonaise. L’histoire de Lubko, des villageois et des réfugiés, petites âmes perdues dans une tempête guerrière qui les dépasse tellement, est entrecoupée de chapitres dans lesquels Andrzej Stasiuk vagabonde en 2020 sur les mêmes lieux. C’est l’occasion pour l’excellent auteur polonais (lisez « Mon bourricot ») de tracer en pointillés une ligne de vie entre son père et lui. Son père a connu la guerre et ce village quand il était enfant. Il semble aujourd’hui trop vieux pour se souvenir. L’auteur se demande d’ailleurs si le vieil homme ne se souvient littéralement plus ou s’il n’a tout simplement plus d’envie, plus d'énergie. « Le passage » est un roman fort, poignant et souvent beau. Les dialogues et les personnages sont d’une justesse rare. Andrzej Stasiuk y construit sa propre « recherche du temps perdu » et c’est un propos évidemment universel.
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 28 mai 2025 à 09:25