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Les livres recommandés par vos bibliothécaires - 52

Femme tenant une liseuse
Image par Perfecto_Capucine de Pixabay

Myriam nous recommande deux romans : le premier qui s'inspire du destin de Lucrèce de Medicis et, le second, une saga familiale qui se déroule au 18e siècle. Ester partage son avis sur un court roman traitant de la quête d'identité de l'auteur. Amélie a aimé deux romans ados : l'un se passant dans une colocation, et, l'autre mettant en parallèle un événement familial avec un autre national ou mondial. Axelle recommande le dernier livre d'Edgar Morin.

 

Le portrait de mariage / Maggie O'Farrell   

Le portrait de mariagePar Myriam, bibliothèque de Grenoble

La cage dorée

Maggie O’Farrell s’inspire librement du destin de Lucrèce de Medicis. Les chapitres alternent entre l’enfance et les préparatifs du mariage, jusqu’aux dernières heures de la jeune mariée dans une tension grandissante. Car elle en est persuadée, son mari va l’assassiner. Le dénouement tragique semble inéluctable. On voit se dessiner le portrait d’une femme profondément libre, avide de découvertes, mais contrainte par ses origines nobles et son statut de femme. Le double visage du puissant mari se révèle aussi, Janus aux bonnes manières qui cache un cœur noir. L’art est omniprésent : expression de la liberté de Lucrèce, son échappatoire, et instrument pour afficher son pouvoir pour Alfonso. Plus que le récit d’une époque et de la place des femmes dans une société noble et riche, Maggie O’Farrell dépeint la vie intérieure créative et insoumise de Lucrèce. Elle décrit magnifiquement, comment des défenses intérieures s’érigent pour créer un espace intime, unique et inviolable.

Egalement disponible en livre audio sur la numothèque.

La maison dorée / Jessie Burton

La maison doréePar Myriam, bibliothèque de Grenoble

Portraits de femmes

Les ingrédients de la saga familiale sont réunis dans ce roman : une famille, ses non-dits et ses secrets, ses deuils, sa déchéance dans la riche et bien-pensante société de la Courbe d’or d’Amsterdam. Dans cet opus, on retrouve le personnage de Nella, 17 ans après La miniaturiste (précédent roman de Jessie Burton, disponible en anglais sur la numothèque), mais le récit se concentre sur le destin de la jeune Théa, métisse, née d’une liaison interdite et secrète, au sein d’une famille bourgeoise, autrefois respectée. Cette suite met en parallèle les vécus de Nella et de sa nièce. Une façon d’appréhender la question des obligations, du destin, du conflit entre passion et raison pour les femmes de bonne famille du 18e siècle, où le nom et l’éducation sont les atouts d’un mariage avantageux. A travers les étranges miniatures reçues par Théa, Jessie Burton introduit une touche de fantastique et de mystère pour exacerber les tensions, aiguillonner le destin et déstabiliser les personnages. Mais le cœur du roman est dans les ressentis des personnages féminins. Jusqu’aux dernières pages, le suspense est maintenu sur le destin de Théa et de sa famille.
Ce volume peut se lire indépendamment du précédent.

L'Hôtel de la folie / David Le Bailly

L'Hôtel de la foliePar Ester, bibliothèque d'Echirolles

Archéologie du souvenir
Quoi de plus normal que de vouloir savoir d'où l'on vient ? Cette interrogation, mi-philosophique mi-existentielle, est celle que se pose David Le Bailly dans ce court roman L'hôtel de la folie. L'auteur tente d'y rassembler, pièce par pièce, les blancs laissés dans la vie de sa grand-mère et, dans une moindre mesure, dans celle de sa mère. N'ayant pas connu son père, ces deux figures féminines furent le seul horizon de son enfance : "Sur mes photos d'enfance, il y avait toujours ce trio : toi, maman et moi. Le monde extérieur était un décor, il n'existait vraiment". Dès l'ouverture du roman, l'auteur nous introduit à la tragédie vécue : le suicide de sa grand-mère, point de départ de la quête de réponses à ses multiples questionnements. Alors âgé de 14 ans, l'auteur vit dans la crainte de la mise en œuvre du suicide programmé de Pia Nerina, elle est le seul appui dans ce huis clos, la seule personne qui le comprend et le chérit, une crainte majorée par la terreur de rester seul avec sa mère qu'il appelle "la folle". Mais qui était Pia Nerina ? Quel a été son passé ? Comment cette jeune femme italienne, originaire de Naples a pu devenir propriétaire de cet appartement cossu au cœur de Paris ? Pourquoi ses parents avaient nommé l'hôtel qu'ils possédaient "l'hôtel de la folie" ? Les traces sont minces, les fausses pistes nombreuses, les protagonistes fuyants.
Après le roman enquête sur le frère de Rimbaud, vision oblique de l'icône de la poésie moderne, l'auteur nous offre un texte plus intime, histoire d'une quête identitaire. C'est dans ce passé opaque que Pierre Bailly cherche du sens à ses angoisses, laissant filer sur les eaux du doux souvenir de Pia Nerina, toutes les questions qui demeureront sans réponse.

La Coloc' / Manu Causse  

La Coloc' Par Amélie, bibliothèque de Vif

 Bienvenue dans la coloc’ !
3 filles, 3 garçons, dont un duo frère/sœur. Toute ressemblance avec une célèbre série américaine est… totalement assumée, le roman commence d’ailleurs par la scène mythique du canap’ dans l’escalier (qui, ici, est remplacé par un lit).

Ils sont donc 6 et ça semble mal parti pour qu’ils s’apprécient, chacun y allant de son préjugé. L’histoire semble banale, cependant, elle aborde des sujets bien actuels : le racisme ordinaire, l’homosexualité, l’acceptation de soi, les questionnements sur l’avenir et l’orientation professionnelle (ou comment réaliser qu’on s’est planté de voie).

Un roman dans lequel il n’y a rien que des problématiques auxquelles les ados/ adultes en construction sont confrontés dans la réalité. Un roman qui, à l’image de la série, fait du bien.

Comme une famille / Rachel Corenblit

Comme une famillePar Amélie, bibliothèque de Vif

Une famille comme les autres
Disney a sa famille Madrigal, Rachel Corenblit, elle, nous fait entrer dans la famille Diangello. Ici, pas de pouvoirs magiques pour affronter les épreuves de la vie. Chaque chapitre est raconté par un adolescent de la famille, mettant en parallèle un événement familial et un événement national ou mondial marquant. C’est Claudia, la fille aînée, qui débutera avec le récit de l’accouchement de sa mère le même jour que l’explosion à Tchernobyl. Le reste, il faut lire pour découvrir, ça ne se raconte pas, sous peine de trop en dire.

Je soulignerai plutôt le talent de Rachel Corenblit pour rythmer cette histoire et aborder des sujets sans jamais tomber dans le "trop". C’est un roman qu’on m’avait présenté lors d’une rencontre littéraire, ma curiosité avait été piquée, il me fallait le lire. J’ai adoré, du début à la fin, cette histoire m’a beaucoup touchée.

Un gros coup de cœur que je recommande vivement, aux ados (dès 15 ans) comme aux adultes.

De guerre en guerre : de 1940 à l'Ukraine / Edgar Morin

De guerre en guerre Par Axelle, bibliothèque de Saint-Martin-d'Hères

Nécessaire
Edgar Morin nous livre en 84 pages une formidable synthèse historique, sociologique et humaine. Une grande leçon à notre hauteur qui permet d’appréhender notre monde contemporain si complexe.