Les livres recommandés par vos bibliothécaires - 51

Dorothée partage son avis sur un événement historique méconnu, la grève des ovalistes à Lyon. Elodie a aimé ce roman dans lequel se croise, dans un bar, plusieurs personnages attachants. Pauline a aimé ce roman de sorcières. Miquel nous recommande ce roman historique sur la conquête de la Floride. Amélie s'est replongée dans sa propre adolescence avec ce roman jeunesse.

Il n'y aura pas de sang versé / Maryline  Desbiolles

Par Dorothée, bibliothèque de La Tronche

A ces inconnues qui ont fait l'histoire

La grève des ovalistes à Lyon en 1868 est un évènement peu connu mais qui est le premier mouvement social mené par des femmes.
Elles sont plus de 2 500 ovalistes à travailler dans les soieries lyonnaises venant de l'Ain, l'Ardèche, la Drôme, les Savoie et jusqu'au Piémont Italien, qui vont en ce mois de juin 1868, débrayer et essayer de faire valoir leurs droits.
Pour les sortir de l'anonymat lié à leur condition d'ouvrière, l'auteure croise les destins de Toia, Rosalie Plantevin, Marie Maurier et Clémence Blanc. La force de ce texte est de transformer en personnages ces figurantes de l’histoire.

Le Café sans nom / Robert Seethaler

Par Elodie, bibliothèque Kateb Yacine de Grenoble

Une galerie de portraits de gens simples qui fait un bien fou

1966, Robert vit à Vienne, en Autriche. Il travaille au marché, rend des services, est apprécié de tous. Robert a un rêve : redonner vie au café du quartier populaire dans lequel il vit. Après quelques travaux, son rêve devient réalité. On peut y boire et aussi y manger et surtout, on y croise un tas de gens simples aux vies ordinaires, avec des petits et grands bonheurs ou malheurs, que l'auteur nous fait partager.

Ce roman au charme désuet nous fait replonger dans une époque sans frénésie, sans téléphone portable ni Internet. Les chapitres nous donnent rendez-vous avec les habitués du café et avec Robert, le patron qui écoute et comprend chacun.

Une belle lecture, aussi désarmante qu'apaisante.

Mille Pertuis / Julia Thévenot

Par Pauline, bibliothèque Centre-Ville de Grenoble

Sacrée sorcière
L’enfance et l’adolescence d’Ortie, sorcière de son état, semblent n’avoir été qu’une succession de problèmes. Depuis ce sort maladroit mais puissant qui lui fait donner son Nord (le cœur de sa puissance de sorcière) à un amour d’enfance, jusqu’à sa crise de magie qui lui fait perdre tous ses pouvoirs, en passant par des grêles quand elle peine à maîtriser ses sorts … Mais ce n’est pas ce qui arrêtera notre sorcière ! Car Ortie est bien différente de ses sœurs et de sa mère sorcières : les humains, elle les apprécie et reste curieuse du monde qui l’entoure. Toujours à moitié en train de remettre en question les lois sorcières, Ortie est une rebelle malgré elle.

Ce livre est un régal, truffé de références à Harry Potter, situé dans un monde de sorcière exclusivement féminin, cru et organique : les sorts ne fonctionnent qu’avec un élément du corps humain ! Il faut donc un cil, une larme, une rognure d’ongle pour lancer le moindre petit sortilège. Et pour couronner le tout, les adultes ne sont pas si rassurants que ça, voire carrément cryptiques. Enfin, les rebondissements s’enchaînent sans que l’on sache ce qui nous attend, ce qui donne un beau rythme à ce premier tome !

La Contrée obscure / David Vann

Par Miquel, bibliothèque de Pont de Claix

Au cœur de l'obscurité

David Vann s’attaque au roman historique avec cette histoire de la conquête de la Floride. Plus exactement, l’histoire d’une expédition effroyable et dramatique menée par un conquistador espagnol, Hernando de Soto, en 1539 et qui tournera à la catastrophe. C’est un récit alterné entre celui d’un enfant cherokee découvrant les mythes de son peuple et l’aventure sanglante des conquérants espagnols, presque deux romans différents qui ne se croisent pas, à l’image de ce contact impossible entre amérindiens et espagnols. David Vann se montre plus sarcastique qu’à l’accoutumé, souvent drôle et cruel envers ce de Soto qui le mérite bien.
Une très bonne lecture, à la fois érudite, viscérale et drôle. Si comme moi vous avez été captivé par le Conquistadors d’Eric Vuillard, vous pouvez y entrer sans hésiter.

Tous nos rêves ordinaires / Elodie Chan

Amélie, bibliothèque de Vif

Des ados ordinaires

Encore un roman sur l'adolescence. Oui, mais celui-là, il a quelque chose en plus. Dans son style et sa poésie, dans la place laissée aux silences.

Il y a Romane, Cyrus, Lola, Chloé, Gabriel. Adolescents du début des années 2000, adolescents ordinaires qui se cherchent et parfois se perdent à l'instar de Gabriel, vilain petit canard devenu cygne qui attire les regards et trouve refuge dans la drogue.

Il y a leurs parents : les absents, les trop présents, les violents, les victimes, les qui refusent de voir leur enfant grandir, les qui veulent des mini-eux, les qui ne voient pas le mal-être de leur enfant. Et des adultes qui rôdent et manipulent.

Ce roman n'invente rien, c'est vrai. C'est dur de grandir, on le sait, et l'auteure n'épargne rien à ses personnages.

Ps : allez, je l'avoue, ce qui m'a également plu dans ce roman, ce sont les références qui me rappellent ma propre adolescence, début 2000... :-)