Benoît a fait le choix de vivre là où il est né, au cœur de la nature, dans le Périgord. Un écrin luxuriant où il s’épanouit, mais aussi un petit village en pleine campagne, où tout le monde le connaît depuis l’enfance. Dans cet environnement rural et isolé, comment affirmer son identité et nouer des liens, lorsqu’on est une personne queer ? Né dans le Périgord, Benoît a choisi de s’y réinstaller après ses études. Là, il cultive son jardin – il tond, plante, récolte. Il chante et danse parfois en jupe lamée, et tisse des étoles colorées. À l’occasion, il publie des photos de lui sur des applications pour tenter de rencontrer des hommes de la région. Benoît paraît se contenter de cet enclos intime, où sa créativité et sa douceur s’expriment loin des regards. Un univers édénique qui matérialise sa résilience après une jeunesse isolée, bousculée et sans modèle : en se réappropriant la terre, Benoît résiste à sa manière, il revendique sa place à l’endroit qui l’a vu naître. Pour son premier long métrage, c’est cet imaginaire positif et empouvoirant que souhaite déployer Antoine Vazquez, pour des personnes queer en milieu rural souvent isolées, invisibilisées, voire brutalisées. Lui aussi né à la campagne mais parti en ville, désormais militant LGBTQIA+, le cinéaste voit en Benoît un modèle autant qu’une personne remplie de doutes et de craintes, dont il accompagne l’évolution à la suite de leur rencontre. De leur amitié, de leurs discussions, naît en effet un projet fou : organiser la première Marche des fiertés sur le territoire.Peu à peu, une communauté queer locale se forme autour de Benoît et le projet prend vie. Mû par sa relation avec le cinéaste, le jeune homme s’ouvre à une sociabilité communautaire, se désinhibe et accepte la politisation de son identité intime. Tandis que germent les graines de son jardin, qu’il déclenche un feu de branchages répandant dans le ciel une épaisse fumée blanche, qu’il finit de tisser une étole, Benoît se révèle, s’apaise et soigne ses plaies en bonne compagnie. Porté par ce personnage doux et magnétique, Pédale rurale est un film solaire, sensuel et joyeux, qui donne à sentir la puissance de la singularité et la force du collectif, sans éluder la brutalité d’une ruralité viriliste et hétéronormative, où tout le monde se connaît – ou croit se connaître. Un exorcisme des violences subies, un outil pour les jeunes générations, un moment de beauté et de repos. « Queer du terroir, on sort du placard ! »
- Année de production
- 2025
- Durée
- 01h24