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Restez chez vous !
Le titre est frontal (il n’y a d’ailleurs pas de point d’interrogation) et on a comme l’impression de savoir à quoi s’attendre. Oui, aujourd’hui, la question de « renoncer aux voyages » est insistante. Qui d’entre nous n’a pas eu ce petit (?) dilemme moral en bouclant sa Samsonite en juillet avant de partir pour les îles Coufoué ? A l’heure du bilan carbone et des pandémies, comme le rappelait avec humour Cobie (Le Cas Échant, https://cobie.fr/ ) dans les rues de Grenoble, un leitmotiv très contemporain pourrait bien être : « Restez chez vous ! » L’approche de la philosophe Juliette Morice nous remet tout cela en perspective. Sachez tout d’abord que cette question de la fin du voyage (qui flirte souvent avec celle de la « fin du monde ») ne date ni d’hier ni d’avant-hier. En effet, dès qu’un mode de transport a supplanté le précédent par sa vitesse et son confort (le vélo plutôt que courir, le canasson plutôt que le vélo, l’auto plutôt que le canasson, et puis le train et maintenant l’avion, en attendant qu’Elon Musk nous ponde l’autobus pour Pluton) des grincheux trouvaient à dire qu’il n’y avait plus de saisons et que si on pouvait gagner Paris en moins de 8 heures depuis Montargis, c’est qu’il n’y avait décidément plus de saisons (et je me répète). A cette idée de vitesse se rivait celle de la fin de la découverte et de l’aventure. Avec l’émergence du tourisme, l’homo sapiens comprend que le voyage et l’exploration, ça fait deux (voire trois ou quatre). Juliette Morice tourne également plusieurs pages autour de la définition du voyage. Elle n’est pas simple, celle-ci, et pour tout dire, chacun voit midi à sa porte (tiens, en passant : « voir midi à sa porte », ne serait-ce pas une intention un peu flemmarde à la Cobie ?). Eh oui ! A partir de combien de kilomètres voyage-t-on ? Et combien de nuitées (petit déjeuner compris) ? Et par là : qu’est-ce que l’exotisme ? Posez la question à votre prochaine réunion bistro et je vous garantis une bonne soirée. Bref. Si l’autrice n’esquive pas nos questionnements contemporains (sérieusement, il va falloir finir par arrêter de prendre le charter pour passer un weekend all-inclusive au Djerba Sun Beach Hôtel – oui, ce truc existe), sa réflexion historique nous incite à un peu de modestie. Non, l’être humain de 2024 n’a pas inventé l’eau chaude en envisageant sa vie de façon plus sédentaire. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui, ça urge.
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 28 janvier 2025 à 14:15