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Livre de poche
Ecoutez l’histoire des wallabies de France. Des kangourous ? Non, non, confondez pas, des wallabies, la même bestiole mais en plus petit. Et Antoine Philias nous raconte leur histoire à travers le regard et la parole de Skippy, dernier d’une lignée. Là, vous vous dites que c’est du Disney mon bouquin. Partez pas. Car cette histoire qui a commencé il y a des siècles dans ce qui ne s’appelait pas encore l’Australie, est celle du sauvage, du monde animal que l’homme a dressé, dompté, chassé, nommé, classifié, expérimenté, mangé, digéré… et parfois écrabouillé avec sa Renault Twingo. Par la grande loi de l’offre et de la demande – autrement appelée la loi du Marché, ou si vous préférez la loi du pognon – quelques-uns de ces marsupiaux ont ainsi été exportés vers des zoos et grandes réserves animalières d’Europe. Certains finiront même jusque dans des cages pour des enfants en mal de compagnie. D’autres, heureusement, se sont échappés. Et serviront de trompe-l’œil au chasseur qui, il faut le comprendre, a confondu le wallaby avec un cerf (rigolez pas). Ces vies hors captivité, c’est ce que les scientifiques ont appelé le marronnage. A savoir, rappelle l’auteur, le même mot que l’on utilise pour décrire la fuite des esclaves. Car, non content de nous rappeler l’énorme gâchis de la relation de l’homme avec l’animal dans toute sa diversité, Antoine Philias ne se prive pas d’expliciter, pas toujours très finement malheureusement, que tout cela résulte d’un monde marchand, celui où la domination et l’exploitation du plus faible ne sont pas que des dégâts collatéraux mais les principes mêmes de son fonctionnement. Vous l’aurez compris, « Walabi » se retrouve un peu le « cul entre deux chaises », se voulant non seulement exemplaire côté zoologie mais aussi un brin cynique (lucide, disons-le) côté socio. Un pari partiellement gagné. La force et l’originalité du propos d’Antoine Philias auraient certainement mérité un ton moins moral qui, parfois, leste l’ironie mordante de « Walabi ».
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 08 avril 2025 à 09:22