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La banalité du mâle ?
S’étant intéressée à la soumission et au consentement dans les rapports entre les femmes et les hommes, la philosophe Manon Garcia ne pouvait passer à côté du procès de Mazan. Procès durant lequel, rappelons-le, Dominique Pelicot et une cinquantaine de complices retrouvés auront été jugés pour avoir violé sous soumission chimique Gisèle Pelicot, inconsciente. Pendant dix ans. Au-delà de la violence ahurissante des faits, ce qui va sidérer l’autrice est tout à la fois la diversité des profils des accusés ainsi que leur banalité. Diversité dans le sens où ces hommes proviennent de situations sociales et familiales très différentes. Banalité, car ils ne sont a priori pas des monstres. Pour beaucoup, ce sont des pères de familles, des personnes comme vous et moi. Vertige. A l’instar d’Hannah Arendt quand elle suivît le procès d’Adolf Eichmann, Manon Garcia – en réfléchissant à cette comparaison au début de son livre – se rend compte qu’elle a devant elle des hommes qui ne « pensent pas ». C’est en ça que leur monstruosité ne vient pas du fait qu’ils « penseraient mal », mais bien qu’ils ne « pensent pas ». Banalité du mal, on y revient. A partir de là, une question démesurée – oui : à la démesure du… vertige ! – et si excessive qu’elle en mérite le titre de ce livre : peut-on « vivre avec les hommes » ? On ne pourra qu’être déçu si l’on attend de Manon Garcia des réponses claires à cette question. Mais cet essai est l’occasion pour elle de rappeler la nécessité de transformer en profondeur notre société. S’il n’est évidemment pas question pour elle de nier en pareille situation la responsabilité individuelle de chacun des accusés, l’autrice nous montre que, s’ils sont les fruits pourris de l’arbre, c’est aussi que l’arbre est sacrément atteint.
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 08 avril 2025 à 10:45