Syracuse

Avis des professionnels

• La Dark Tentative 4/5

  Totalement angoissé par la reproduction possible du mal qu’il a subi enfant – à savoir des attouchements sexuels alors qu’il avait 12-13 ans – le narrateur, l’auteur, vit sa paternité dans un questionnement noir et brutal permanent. Sans pourtant être traversé par des envies « pédo » ou d’inceste, « le père » comme il se nomme, ne s’en sort pourtant pas : « Et si, avec ma fille, moi aussi… » Alors il se (dé)bat, cherche de l’aide, il veut comprendre : le livre est donc rempli de questionnements, de panique, mais aussi d’analyses et de références (de Freud à Lolita, de Flavie Flament à Traci Lords). Constantin Alexandrakis dessine sa carte mentale de « pédoland ». Et plus il creuse, plus il s’enfonce serait-on tenté de dire. Aussi lui-même l’écrit-il : « il aura été tout aussi traumatisant, si ce n'est plus, de se plonger dans le statut de victime que de vivre la pédophilie ». Jusqu’à cette expérience sidérante dans ce centre féministe appelé « La structure » ou le Malentendu (avec un M majuscule) ouvre la terre en deux. Lui qui, avec son petit drapeau blanc, sa franchise et son désarroi, venait chercher de l’écoute et de l’aide : le voilà jugé. Crucifié. Et sans sommation. Comment s’en sortir ? Comment retrouver « l’autre » ? Comment donner « l’hospitalité au démon » ? Des questions quasi insolubles auxquelles s’attaque ce texte redoutable au style déroutant. Constantin Alexandrakis se met littéralement à poil – et on comprend qu’il n’a pas eu le choix. Bravo à lui.

  Christophe, bibliothèque de Varces - Le 12 février 2025 à 09:24