À travers le récit introspectif de Faten, Amour en Galilée explore le parcours d’une femme libanaise, de l’oppression sociale et familiale à une émancipation solitaire, portée par des gestes quotidiens et un retour à la terre de ses origines. Alternant portraits intimes et paysages du Sud-Liban, le film célèbre la résilience féminine et l’espoir d’une liberté conquise. La voix off, lente et réfléchie, d’une femme libanaise retrace les étapes marquantes de sa vie : la précoce découverte de l’injustice, l’acceptation des normes familiales, religieuses et sociales, puis le conflit naissant avec son père, alors qu’elle devient femme. Son mariage arrangé, censé lui offrir une place au sein de la communauté, ne lui apporte ni amour, ni liberté. Au contraire, il accentue son isolement et fait écho à la perte de l’amour du père. Le divorce constitue une fracture radicale : plus qu’une rupture avec son époux, c’est une transgression des injonctions de la société libanaise. Faten quitte alors ce modèle imposé et retourne dans son village natal du Sud-Liban. Ce retour, plus qu’un exil, marque le début d’une reconstruction. Entourée par les collines de son enfance, elle trouve dans la vie solitaire une liberté nouvelle. Dans cette maison ouverte sur l’extérieur – où une fenêtre donne sur les collines et un toit sur le ciel –, Faten redessine son monde : elle cultive ses plantes, fait du yoga, danse seule. Ces gestes modestes deviennent des actes politiques, une façon de réaffirmer sa place. L’ouverture du film se fait métaphore : un panoramique sur une crête sèche s’arrête sur un arbre solitaire, enraciné malgré un sol hostile. Ce symbole irrigue le récit : ce qui semble contraint, figé, peut toujours croître. Et c’est à l’ombre d’un arbre que Faten retrouve ses amies. Ensemble, elles parlent, s’entraident, se conseillent, et puis chantent. Dans ce Sud-Liban filmé avec une attention documentaire, les lieux témoignent de la ségrégation des genres : les hommes fument la chicha entre eux dans des cafés qu’ils dominent, tandis que les femmes se retrouvent aux abords de la ville. Les réalisateurs Nader Chalhoub et Layla Menhem alternent portraits serrés et plans larges, où sont autant filmées Faten que les collines. Dans ces paysages, le corps et la voix de Faten se réinscrivent. « Et moi, comme ma terre, j'ai été blessée, affrontée et réprimée », confie-t-elle..
- Année de production
- 2021
- Durée
- 00h20