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La malice
Robert Bristol, cinéaste, aimerait adapter le dernier roman de Marjorie des Marais, l’inimitable « Nos cœurs au purgatoire ». Ne serait-ce la défenestration d’un homme nu au sortir de son immeuble, Bristol est optimiste. Il a raison : non contente d’accepter, l‘autrice promet même un petit coup de pouce financier à la production du film – si, bien sûr, le réalisateur consent à enrôler sa petite protégée, la jeune (et obscure) starlette Céleste Oppen. Avec cette rallonge, Bristol n’hésite plus : il tournera son film en Afrique ! Je ne sais pas pourquoi je vous raconte le résumé du dernier Echenoz, car, comme vous le lirez peut-être, celui-ci n’a que peu d’intérêt. Echenoz est un styliste, les mauvaises langues diront qu’il écrit pour écrire (l’art pour l’art), les moins jaloux y verront peut-être la vraie franchise d’un auteur qui ne fait que peu de cas des artifices de la fiction (mais qui est le type qui s’est défenestré à la première page ? et pourquoi ? je veux savoir !!) Oui, lectrice, lecteur, scoop : derrière chaque roman, il y a un démiurge qui tire les ficelles – et qui fait bien ce qu’il veut. A partir de là, c’est la fête – et je l’écris sans ironie. Echenoz s’amuse, se délecte, et moi avec. C’est souvent très drôle, on dirait du Éric Chevillard. Bourré d’ironie, « Bristol » est un concentré d’écriture malicieuse. Mais attention, ce n’est pas du comique troupier. Echenoz est chirurgical. C’est de l’orfèvrerie.
Christophe, bibliothèque de Varces - Le 19 février 2025 à 14:52